Charles VIII, héritier du trone, est un enfant de treize ans; mais sur lui veille sa soeur ainée,
Anne, mariée au sire de Beaujeu. Anne de Beaujeu avait beaucoup des qualités de son père. Elle eut l'habilité de se faire donner le pouvoir d'unerégente par les Etats Généraux de 1484. Elle triompha de deux révoltes du duc d'Orléans, future Louis XII. Fit épouser au roi la duchesse Anne, héritière de la Bretagne, et prépara ainsi la réunion à la couronne du dernier grand fief demeuré imdépendant. Dès lors Charles VIII gouverna par lui-même. Il avait une intelligence médiocre, et ne se plaisait qu'à la lecture des romans chevaleresques, tout pleins d'aventures extraordinaires; il rèvait d'accomplir quelque grand exploit. Or la maison d'Anjou, dont Louis XI avait hérité, avait autrefois régné à Naples, et elle avait conservé des prétentions sur ce royaume. Charles VIII résolut de les faire valoir. Pour n'être pas inquiété par ses voisins, il donna de l'argent à Henri VII d'Angleterre, rendit à Ferdimand d'Aragon le Roussillon, et à Maximilien d'Autriche, l'époux de Marie de Bourgogne, l'Artois et la Franche-Comté en 1492 et 1493.
Charles VIII ne gagna rien à sacrifier ses provinces Française, car ses princes avec lesquels il avait traité s'unirent bientôt contre lui. Il y avait alors en Europe des états bien constitués: en Espagne, la maison d'Aragon avait presque achevé l'unification de la péninsule, qui était demeurée longtemps divisée en plusieurs royaumes; en Allemagne, la maison d'Autriche commençait à devenir puissante; enfin l'Angleterre, ou la royauté était alors très forte, voulait jouer un rôle en Europe. France, Espagne, Autriche et Angleterre s'observent l'une l'autre, pour s'empêcher mutuellement de grandir. Dès qu'une nation menace de devenir trop puissante, les autres se coalisent contre elle: c'est ce qui arriva quand Charles VIII voulut faire des conquêtes en Italie. Il n'y avait pas de roi en Italie, comme il y avait un roi de France et un roi d'Angleterre. La péninsule était divisée en petits états. Le Pape régnait sur Rome et sur les états de l'église. Milan avait pour duc un Sforza, qui avait dépossédé la famille des Visconti. Les Médicis étaient les princes de Florence. Naples avait des rois de la famille d'Aragon. Venise était une république gouvernée par des nobles. Ces états ne s'entendaient pas entre eux; et dans chacun d'eux, il y avait des partis qui conspiraient les uns contre les autres et provoquaient des guerres civiles. Ils appelaient à leur secours les "barbares". C'est ainsi que l'Italie, plus riche et plus civilisée que le reste de l'Europe, nommait les étrangers. La marche des Français fut facile. Charles VIII s'avança jusqu'à la frontière de Naples. Le roi de Naples fut trahi par son armée. Charles VIII à peine avait-il pris le titre de roi de Naples qu'il convoitait celui d'empereur de Constantinople, et qu'il s'apprêtait à guerroyer contre les Turcs. Mais les états Italiens et des princes étrangers, le Pape, Venise, Milan, l'empereur d'Allemagne, le roi d'Aragon font une coalition contre le roi de France, dont la puissance les inquiète. Charles VIII laisse la plus grande partie de son armée à Naples, emmène neuf mille hommes avec lui, rencontre à Fornoue l'armée des coalisés forte de trente mille hommes, se fraye un chemin par une brillante victoire et rentre dans son royaume en 1495. peu de temps après, une partie de l'armée qu'il avait laissée en Italie est faite prisonnière; le reste revient en France. Le roi ne garde pas un pouce de terrain au delà des Alpes. Il meurt après avoir violemment heurté de son front un linteau de pierre placé trop bas en 1498.