Charles VI étant mort, Henri VI d'Angleterre fut proclamé roi de France à Paris, et reconnu dans presque toutes les provinces située au nord de la loire. Comme il était mineur, la régence fut exercée par son oncle, le duc de Bedford. En même temps, le dauphin Charles était proclamé roi à Mehun-sur-Yèvre, en Berry, sous le nom de Charles VII en 1422. La guerre continua entre les Anglais,soutenus par le duc de Bourgogne, et les Français restés fidèles à l'héritier légitime. Mais celui-ci était bien faible et les Anglais l'appelaient par dérision le roi de Bourges. Charles VII montra d'abord peu d'énergie; il était conduit par des favoris et s'adonnait au plaisir, malgré l'extrême détresse de son trésor; mais ses sujets ne l'abandonnèrent pas. Les malheurs de la France ne faisaient qu'accroître le patriotisme des Français. Les villes assiégées se défendaient jusqu'à la dernière extrémité. Sous la bannière de Charles VII combattaient de vaillants capitaines, le connétable de Richemont, frère du duc de Bretagne, le comte de Dunois, La Hire, Jean Poton de xaintrailles...
les débuts de ce règne furent cependant malheureux. Les français essuyèrent plusieurs revers. La guerre était partout; il n'y avait pas de troupes régulièrents; chaque capitaine conduisait sa bande à sa guise; les soldats mal payés vivaient d'exactions et de pillage; la misère du peuple était au comble. En 1428, le duc de Bedford rassembla une armée d'environ 10 000 hommes, qui sous le commandement du comte Salisbury, vient mettre le siège devant Orléans.
Cette ville défendait l'entrée des provinces qui restaient à Charles VII. Les habitants résistèrent courageusement en compagnies; ils avaient une bonne artillerie, qui faisait beaucoup de mal aux Anglais. Les ennemis, désespérant d'emporter Orléans de vive force, bâtirent tout autour de petits fort ou bastilles pour la bloquer et la réduire par la famine; mais ils ne purent empêcher un grand nombre de capitaines Français d'entrer dans la place avec leurs soldats. Orléans se défendit tout l'hiver. Des troupes se formaient pour aller délivrer la ville. Une de ces troupes attaqua près de Rouvray un convoi de vivres, qu'un capitaine Anglais menait à ses compatriotes campés devant Orléans. L'attaque commença bien; le canon Français défonça des tonneaux de harengs, qui se répandirent sur le sol, d'ou le nom de journée des harengs donné à la bataille. Mais les Anglais furent encore une fois vainqueurs en 1429. Alors le découragement se mit parmi les défenseurs d'Orléans; des capitaines quittèrent la ville; mais les bourgeois tinrent bon, et s'obstinèrent à attendre du secours: ils allaient être délivrés par Jeanne Darc. Jeanne Darc était une jeune fille du village de Domrémy en Lorraine, sur la frontière de la Champagne. Dans son enfance, elle crut entendre des voix qui lui ordonnaient d'aller délivrer le royaume de France. Après avoir vaincu les résistances de sa famille, elle partit de la ville de Vaucouleurs sous la conduite de six hommes d'armes. habillée et équipée elle-même comme un homme d'armes, elle fit un voyage de près de cent cinquante lieues, pour aller trouver Charles VII à Chinon. Le roi la reçu au milieu de sa cour, ou sans se laissait troubler, elle lui déclara qu'elle était envoyée par le roi des cieux, pour faire lever le siège d'Orléans et conduire Charles à Reims ou il serait sacré. On hésita longtemps à la croire. Beaucoup de grands seigneurs méprisaient cette fille ignorante et simple; les savants doutaient qu'elle vint de la part de Dieu. Mais le peuple ne doutait pas: il croyait à la mission de Jeanne. On disait que le royaume de France, perdu par une femme, Isabelle de Bavière, serait sauvé par une autre femme. Jeanne fut interrogée par un conseil de prélats et de docteurs en théologie: elle étonna par la fermeté de ses réponses. Enfin on lui donna ce qu'elle demandait, c'est-à-dire des troupes pour délivrer Orléans. Le 27 avril 1429, Jeanne Darc partit de Blois avec une petite armée et un convoi de vivres. Le 29 avril, Jeanne entra dans Orléans, sans que les Anglais fissent rien pour l'en empêcher. Elle fut reçu par les habitants comme une envoyée du ciel. Le 4 mai, la bastille Saint-loup, à l'est de la ville, fut enlevée par les Français après un combat meurtrier. Le 6 mai, la bastille des Augustins, au sud de la Loire, fut prise par Jeanne Darc, qui fut légèrement blessée au pied. Le 7 mai, à l'attaque de la bastille des Tournelles, elle fut blessée à l'épaule; mais dès que sa blessure eut été pansée, elle revint à la charge,et la forteresse fut emportée. Enfin le 8 mai, les Anglais levèrent le siège et se mirent en route vers le nord, abandonnant leurs blessés, leurs vivres et leurs munitions. Orléans délivré Jeanne alla trouver le roi à Tours pour l'exhorter à marcher sur Reims ou il devait être sacré. Les conseillers du roi s'effrayaient d'une si grande expédition; lui-même était fort irrésolu; mais de toute la France, les chevaliers et les gens d'arme accouraient se ranger autour de Jeanne. On prit d'abord plusieurs places voisines d'Orléans. le 18 juin, les Anglais furent battus à Patay, le plus fameux capitaine Anglais de ce temps, fut fait prisonnier. Dès lors, on n'hésita plus, et Charles VII se dirigea vers Reims. Enfin le 17 juillet 1429, Charles VII fut sacré à Reims. Au printemps de l'année 1430, Jeanne était toujours aussi vaillante,elle se jeta dans Compiégne, qu'assiégeait le duc de Bourgogne; elle prit part à une sortie mais les Bourguignons eurent l'avantage, et quand elle voulut rentrer dans la place après avoir bravement soutenu la retraite, le gouverneur effrayé avait fait lever le pont-levis.
Jeanne fut prise par un archer qui la conduisit à Jean de Luxembourg, vassal du duc de Bourgogne le 24 mai 1430. Les Anglais voulurent avoir Jeanne entre leurs mains. Pour ranimer le courage de leurs soldats et de leurs partisans, ils étaient résolus à la déshonorer en la faisant passer pour une sorcière envoyée par le démon. L'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, qui était dévoué aux Anglais, réclama la prisonnière pour la faire comparaitre devant un tribunal ecclésiastique. Jean de Luxembourg, après de longues hésitations,vendit Jeanne aux Anglais pour dix mille livres. Elle fut conduite à Rouen, ou on lui fit son procés, qui dura trois mois, et elle fut brulée le 30 mai 1431. Elle mourut avec un admirable courage et fut dès lors considérée par tout le peuple comme une sainte martyre. Ce crime ne ramena pas la fortune du côté des Anglais. En 1435, le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, se reconsilia par le traité d'Arras avec le roi de France. Le roi y déclara qu'il n'avait jamais approuvé le meutre de Jean sans Peur, pére de Philippe le Bon, et il céda au duc les comtés d'Auxerre et Mâcon, et les villes situées sur la Somme. Dès lors les Anglais perdirent leur meilleur allié. L'année suivante, les bourgeois de Paris appelèrent le connétable de Richemont, qui entra dans la ville avec les troupes de Charles VII; la garnison Anglaise se retira dans la Bastille, et en sortit ensuite sur la promesse qu'elle aurait la vie sauve en 1436. Charles VII commençait à s'appliquer avec plus de soin au gouvernement de son royaume. Il reprit les places que les Anglais occupaient encore au coeur du royaume, et il conclut, en 1444, avec Henri VI d'Angleterre, une trève qui laissait celui-ci en possession de la Guyenne et de la Normandie. Les hostilités recommencèrent en 1449. Le roi avait déjà fait alors ses principales réforme, l'impôt perpétuel et l'armée permanente. Il avait une bonne armée; la guerre ne dura que quatre ans. En 1450, après une belle victoire remportée à Formigny, la Normandie fut reconquise. En 1451, Bordeaux se rendait aux Français; il est vrai qu'il ouvrit de nouveau ses porte au Anglais en 1452; mais en 1453, une armée royale fut victorieuse à Castillon, et la Guyenne entière conquise. Il ne restait plus aux Anglais que Calais. La guerre de cent ans était terminée. Charles VII avait rendu de grands services à la royauté, pourtant la royauté n'était pas encore maitresse de toute le France. Il n'y avait plus de duc de Normandie, de duc d'Aquitaine, de comte de Champagne, ni de comte de Toulouse; ces duchés et ces comtés étaient réunis au domaine royale. mais le duc de Bretagne était à peu près indépendant. Au sud, les seigneurs de Foix, d'Albret, d'Armagnac ne reconnaissaient guère l'autorité du roi. En outre, les rois avaient coutume de donner à leurs fils cadets des provinces qu'on appelait apanages et que ceux-ci transmettaient à leurs enfants. Ainsi s'étaient formés de nouveaux états féodaux. La maison d'Anjou, qui descendait de Louis VIII, possédait la Provence, l'Anjou, le Maine, la Lorraine. La maison de Bourgogne, descendant de Jean le Bon, avait la Bourgogne, la Franche-Comté, les pays d'Auxerre et de Boulogne, les villes de la Somme, la Flandre,la Hollande, le Hainaut, le Brabant.