Henri IV

Henri de Navarre devient roi de France, et prend le mon de Henri IV. Peu de prince ont trouvé le royaume, à leur avènement, dans un état aussi lamentable que Henri IV, le premier des roi de la branche des Bourbons. Henri IV avait à conquérir son royaume, qui était aux main des ligueurs, à chasser les Espagnols du pays; il faillait qu'il mît un terme aux discordes religieuses et ranimer le travail, partout interrompu. Heureusement Henri IV avait toutes les qualités nécessaires pour s'acquitter de cette tâche. Les ligueurs avaient proclamé roi le Cardinal de Bourbon, sous le nom de Charles X. Ils étaient maître de Paris et de presque tout le royaume. Henri IV était trop faible pour continuer le siège de Paris après la mort de Henri III. Il se tourne vers la Normandie, et prend la ville de Dieppe, afin de se mettre en communication avec Elisabeth, reine d'Angleterre, son alliée. Grace à l'aide de l'Angleterre, Henri IV bat une armée de ligueurs, commandée par Mayenne, frère de Henri de Guise, près de Arques en 1589.


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La Normandie et la Bretagne se soumettent, des adhésions arrivent des provinces du sud. En 1590, Henri IV bat encore Mayenne à Ivry. Il vient mettre le siège devant Paris, mais une armée Espagnole, commandée par Alexandre de Parme, lui fait lever le siège. L'année suivante le même Général Espagnol empêche Henri IV de prendre Rouen. Cependant le prétendu roi Charles X était mort. Mayenne et les ligueurs ne savait quel successeur lui donner, et ils convoquèrent les Etats généraux. Il y vint 130 députés. Mayenne et les ligueurs demandèrent qu'on abolît la loi salique et qu'on proclamât reine, Isabelle, fille de Philippe II et femme d'un archiduc d'Autriche. L'opinion publique protesta. Le parlement déclara donc que les Etats généraux n'avaient pas le droit de donner la couronne à un prince étranger et le parti du roi légitime, Henri IV, augmenta de jours en  jours dans Paris. Henri IV choisit ce moment pour adjurer le protestantisme à Saint-Denis, en 1593. Puis il se fit sacrer à Chartres, et négocia avec les gouverneurs des villes et des provinces, qui se soumirent après s'être fait donner de l'argent et des dignités. Alors il déclare la guerre à l'Espagne, attaque les Espagnols en Bourgogne; il est vainqueur à Fontaine-Française en 1595. La guerre dure 3 années encore, pendant lesquelles les derniers ligueurs, Mayenne lui-même, se soumettent. Les Espagnols, qui s'étaient rendus maître d'Amiens; perdent cette ville et Philippe II d' Espagne se résigne à traiter la paix en 1598. Le roi de France put appliquer tout son génie à la reconstitution du royaume. Il commença par lui rendre la paix religieuse par l'Edit de Nantes en 1598, qui accordait aux protestants la liberté de célébrer leur culte dans tout le royaume. A côté de Henri IV travaillait un homme dont le nom est devenu inséparable du sien, c'est Sully. Sully administra sévèrement les finances de l'Etat. Henri IV voulut que ses sujets s'enrichissent par le travail de l'agriculture, l'industrie et le commerce. Sully avait coutume de dire: " Labourage et Pâturage sont les deux mamelles de la France ". Ainsi tout le monde était au travail; les traces des guerre civile étaient effacée. Il était temps de rendre à la France le rang qu'elle occupé en Europe. Mais hélas, un misérable du mon de Ravaillac assassina le roi Henri IV, d'un coup de poignard, à Paris en 1610. En apprenant la mort de son roi, Sully s'écria:" la France va tomber en d'étrange mains ! " il ne se trompait pas.

Henri III

Charles IX n'avait pas d'enfant. Son frère Henri III, à qui revenait la couronne, était en Pologne, ou les grands de ce pays l'avaient élu roi. A la nouvelle de la mort de Charles IX, il revint en France en 1574. Henri III était un mauvais prince qui ne pouvait qu'accroître les maux dont souffrait la France. La confusion était plus grande en France que jamais. Un parti que l'on appelait les Politiques s'était formé, c'était des catholiques modérés, qui voulaient qu'on réprimât les révoltes, mais aussi qu'on respectât la liberté de conscience des protestants. Les Politiques avait pour chef le duc d'Alençon, frère du roi.Cependant, catholiques et protestants demeuraient en armes: les premiers avaient pour chef Henri de Guise, les seconds Henri de Navarre. Entre ces partis et leur chefs, le roi ne savait quelle conduite tenir. Henri de Guise battit les protestants à Dormans, ou il reçu une blessure qui lui valutle nom de Balafré.


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Le roi craignait les succès du Balafré et il se défiait de son frère, le duc d'Alençon. Il accorda la paix aux protestants. Les conditions en furent si avantageuses pour ceux-ci que les catholiques s'alarmèrent. Partout se formèrent des associations pour la défense de la foi catholique. Des bourgeois, des nobles une grande parte de clergé y entrèrent. Ces associations se fondirent en une seule qui prit le nom de Sainte Ligue. Henri de Guise, le Balafré était le personnage vers lequel se tournaient les espérances de tous les ligueurs. Le roi, qui n'avait pu empêcher la ligue de se former, s'en déclara le chef, mais personne ne le reconnut en cette qualité. La royauté fut alors sérieusement menacée. Dans les villes renaissait le souvenir des vieilles libertés municipales. Les nobles voulaient ramener le royaume au temps de l'anarchie féodale. Le roi d'Espagne offrit son alliance aux ligueurs: il était heureux de trouver l'occasion d'intervenir dans nos troubles. Cependant les protestants, qui se sentent menacés, commencent les hostilités. Deux guerres nouvelles éclatent, suivies de pacifications éphémères de 1577 à 1580, et la ligue s'étend toujours. Le duc d'Alençon étant mort en 1584, une grande émotion s'empare des catholiques, car Henri III n'ayant pas d'enfants, l'héritier présomptif du trône est désormais Henri de Navarre, un protestant. Guise entreprend alors des accords avec le roi d'Espagne, de faire reconnaître comme héritier du trône le cardinal de Bourbon, au détriment Henri de Navarre. Les chefs ligueurs soulèvent les provinces. En même temps Henri de Navarre cherche un appui auprès d'Elisabeth d'Angleterre, et fait venir des troupes d'Allemagne. Henri III est alors obligé de se jeter dans le parti de la ligue et la huitième guerre commence, mais une armée commandée par un de ses favoris est écrasée à Coutras. Guise au contraire bat en deux rencontres les troupes protestantes. Le roi, inquiet de ce succès d'un homme qui devient un rival, interdit à Guise de venir à Paris. Guise y vient: il est reçu comme un triomphateur. Le roi ayant fait rentrer des troupes dans la ville, les habitants se soulèvent et font des barricades. Guise apaise l'émeute, mais Henri III quitte le Louvre précipitamment. Le roi avait donc contre lui la ligue et les protestants, il fit semblant de se réconcilier avec les ligueurs. Il consentit à nommer Guise lieutenant général, et à convoquer les états généraux à Blois. Guise y parut en maître: Henri III, digne fils de Catherine de Médicis, le fit assassiner en 1588. A cette nouvelle, une insurrection formidable éclate dans Paris. Le roi vient assiéger la ville, après s'être réconcilié avec son cousin, Henri de Navarre, dont il reconnaît le droit au trône. Pendant le siège, un moine tue le roi de France d'un coup de poignard en 1589.

Charles IX

Charles IX, frère de François II, lui succéda. Charles IX était mineur. Sa mère, Catherine de Médicis, prit la régence. Princesse Italienne, elle se plaisait aux intrigues politiques, ou l'on excellait dans les cours Italiennes du seizième siècle. A peu près indifférente en matière religieuse, elle voulait régner. Elle n'était ni pour les Bourbons, ni pour les Guises, mais elle se servit des divisions qui existaient dans le royaume, pour empêcher qu'un chef de parti fût jamais aussi puissant qu'elle. Elle fut pour son fils une conseillère funeste, car elle lui conseilla des crimes. Il faut pourtant lui rendre cette justice qu'elle essaya d'abord d'empêcher la guerre civile, en soutenant le chancelier Michel de l'Hôpital. Le chancelier de l'Hôpital, magistrat vénérable, était partisan de la tolérance religieuse. Il essaya de réconcilier les protestants et les catholiques, et convia les théologiens des deux partis à s'expliquer devant le jeune roi et le reine mère à Poissy, mais ils ne purent s'entendre en 1561.



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Par un édit du mois de janvier 1562, il accorda aux protestants la liberté de célébrer leur culte dans les faubourgs, dans les villes et les campagnes, mais il ne réussit pas à calmer les passions qui s'échauffaient de plus en plus. En cette année 1562, le duc de Guise, passant à Wassy en champagne, entendit des protestants chanter des psaumes dans une grange qui leur servait d'église. Une rixe s'éleva. Soixante protestants furent tués, un grand nombre furent blessés. Le massacre de Wassy commença la guerre civile. L'événement le plus important fut la bataille de Dreux, ou Louis I de Bourbon prince de Condé fut pris et battu par Guise en 1562, mais l'année d'après, comme celui-ci assiégeait Orléans, un protestant le blessa mortellement. L'homme qui avait défendu Metz contre Charles-Quint et repris Calais aux Anglais mourut ainsi victime des discordes civiles. Catherine de Médicis fit signer la paix d'Amboise, qui dura quatre ans. Pendant ce temps, catholiques et protestants allèrent reprendre le Havre, que les protestants avaient livré aux Anglais. Car de part et d'autre, on appelait l'étranger: les protestants traitaient avec les Anglais, qui avaient embrassé la réforme, et les catholiques avec les Espagnols, dont le roi, Philippe II, était l'ennemi déclaré du protestantisme. Les deux partis étaient toujours prêts à reprendre les armes.


Une seconde guerre éclate en 1567, parce que les protestants essayent d'enlever le jeune roi Charles IX, une troisième en 1569, parce que Catherine de Médicis essaye d'enlever les chefs protestants. Dans celle-ci périt le prince de Condé, assassiné après la bataille de Jarnac, ou les protestants furent battus. Coligny, un de leurs chefs, répara cette défaite et obligea la cour à signer avec eux la paix de Saint-Germain en 1570. Cette paix accordait aux protestants de grands avantages. elle leur permettait d'entretenir des garnisons dans quatre villes qu'on appela des places de sûreté. Ce furent la Rochelle, Cognac, Montauban, la Charité. Il sembla que la réconciliation fût sincère. Les protestants vinrent en foule à la cour. Le jeune chef de la maison de Bourbon, Henri de Navarre y fut avec sa mère Jeanne d'Albret. Le roi Charles IX leur fit bon accueil. De nature faible et inconstante, intelligent mais passionné, allant tout à coup d'un extrême à l'autre, Il se prit d'un grand goût pour le protestant Coligny, qu'il fit amiral. Celui-ci s'efforça de l'enlever à l'influence de sa mère, il avait de vaste projets, il obtint de Charles IX la promesse d'une guerre contre Philippe II, le roi d'Espagne. Cette guerre devait se faire aux Pays-Bas, qui appartenaient alors à l'Espagne, et ou les protestants étaient persécutés avec fureur. Catherine de Médicis vit que son crédit était menacé: elle se rapprocha des Guises, et d'accord avec eux tenta de faire assassiner Coligny. L'amiral ne fut que blessé. Charles IX jura d'abord de le venger, mais sa mère, après une longue lutte, lui arracha son consentement à un second crime. Il ordonna que tous les protestants fussent massacrés dans la nuit de la Saint Barthélemy, du 24 au 25 août 1572. Un petit nombre seulement échappa à la mort. Ce forfait fut la cause de la quatrième guerre civile, bientôt terminée par la paix de la Rochelle. La paix de Saint-Germain fut confirmée, le forfait avait été inutile. L'année d'après en 1574, Charles IX mourut suite à une pneumonie tuberculeuse.

François II

Le successeur de Henri II, François II, époux de Marie Stuart, régna un ans, pendant lequel tout se prépara en France pour la guerre civile. Faible d'esprit et de corps, François II laissa se former les factions à la cour. Les principales étaient celle des Bourbons qui étaient protestants, et celle des Guises qui étaient catholiques. Ceux-ci étaient tout-puissants alors, par le crédit de la jeune reine Marie Stuart, leur parente. Les protestants voulurent s'emparer de la personne du roi. Une conspiration se forma pour l'enlever au château d'Amboise. Elle échoua, et la plupart des conjurés furent exécutés. Le roi mourut la même année en 1560, de maux insupportables à l'oreille. Il s'agissait peut-être d'une méningite.

Henri II

Henri II avait vingt-huit ans quand il succéda à son père. Henri II avait l'esprit médiocre et faible et se laissait gouverner par des ambitieux conseillers. Parmi ceux-ci étaient les Guises, prince de le famille de Lorraine. Ils avaient fait épouser le dauphin François, fils de Henri II, leur nièce, la reine d'Ecosse, Marie Stuart. Charles-Quint était alors plus puissant que jamais. Il avait remporté une grande victoire sur les princes protestants d'Allemagne. Il s'apprêtait à changer la constitution de l'empire, pour être obéi en Allemagne, comme François I l'était en France. Henri II renoua les relations que son père avait entretenues avec les princes Allemands. Il gagna Maurice de Saxe, jeune prince ambitieux, qui commandait une des armée de Charles-Quint. Maurice de Saxe essaya se surprendre l'empereur, qui malade dans une ville du Tyrol, s'enfuit en litière la nuit. Une armée Française, alla prendre possession de Metz, Toul et Verdun en 1552.


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Charles-Quint vint assiéger Metz, mais François de Guise y fit une défense mémorable. Le 1 janvier 1553, le vieil empereur, désespéré, leva le siège de la ville, il avait perdu presque toute son armée. Il remporta l'année suivante quelques succés aux Pays-Bas, mais il sentit bien qu'il fallait renoncer à ses rêves de monarchie universelle. Les Turcs étaient maîtres de la Hongrie, leurs flottes, jointes à celles de la France, tenaient la Méditerrenée. En Italie, la domination de Charles-Quint était devenue odieuse. Le Pape Paul IV se déclarait pour la France. En Allemagne, les forces du parti protestant croissaient sans cesse. Epuisé par trente-cinq ans d'efforts, malade, en proie à une mélancolie profonde, Charles-Quint déposa solennellement toutes ses couronnes, et il alla se retirer dans un couvent d'Espagne en 1556. Ferdinand, frère de Charles-Quint, hérita des domaines de la maison d'Autriche en Allemagne et il fut élu empereur. Philippe II, fils de Charles-Quint, eut les Pays-Bas, la France-comté, les Deux-Siciles, l'Espagne et les colonies d'Amérique. L'immense empire était donc partagé, c'était un grand succès pour la politique de la France. Mais la puissance de Philippe II était encore formidable. Il avait l'alliance de L'Angleterre, car il avait épousé la reine Marie, fille d'Henri VIII. Aussi la France, qui est en paix avec Ferdinand, continue-t-elle contre Philippe IIla lutte commencée contre Charles-Quint. Henri II fit la guerre à Philippe II en Italie, ou le duc de Guise essaya de conquérir le royaume de Naples. Philippe II envahit la France, il remporta une grande victoire à Saint-Quentin en 1557.


On raconte que lorsque la nouvelle de cet événement fut portée à Charles-Quint dans son monastère, le vieil empereur s'écria: "Mon fils est-il à Paris?". Le chemin de la capitale était ouvert en effet, mais au lieu d'y marcher promptement, Philippe II perdit son temps à faire le siège de petites villes. L'hiver qui suivit, le duc de Guise fit une hardie expédition sur Calais, qui appartenait à l'Angleterre depuis la guerre de Cent ans. Il s'empara de la ville en 1558. Le dernier souvenir de la guerre de Cent ans fut ainsi effacé. Marie d'Angleterre, épouse de Philippe II mourut peu de temps après. Par cette mort, Philippe II perdit l'alliance de l'Angleterre. Elisbeth, successeur de Marie, fut l'ennemie acharnée de l'Espagne. On combattit encore quelques mois aux Pays-Bas, ou les Français éprouvèrent une défaite près de Gravelines. Puis, fatigué des deux parts, on signa le traité de Cateau-Cambrésis en 1559. Au traité du Cateau-Cambrésis, Henri II avait promis en mariage sa fille Elisabeth au roi d'Espagne Philippe II, et sa soeur Marguerite au duc de Savoie. Pour célébrer ce double mariage, la cour de France donna les fêtes les plus brillantes, qui furent terminée par un tournoi ou figurèrent les plus grands seigneurs. Le roi lui-même, qui se flattait avec d'être le plus adroit cavalier du royaume, voulut jouter. Il invita donc Montgommery, capitaine de ses gardes, à rompre une lance avec lui. Les deux cavaliers coururent l'un contre l'autre, et fort adroitement rompirent leurs lances, mais Montgommery, n'abaissa pas assez vite la sienne, qui heurta le casque du roi, releva la visière et pénétra profondément dans l'oeil. Le roi tomba de son cheval, et on l'emporta mourant. Son agonie dura onze jours en 1559.

François 1er

Louis XII n'ayant pas de fils, François d'Angoulème, son cousin lui succéda en 1515. François 1er avait vingt ans. C'était le plus beau cavalier du royaume. François 1er était brave. Les début de son règne furent brillants; la France admira son jeune roi qu'on appelait "le roi chevalier". François 1er reconquiert le Milanais, après avoir écrasé à Marignan, en 1515, une armée Suisse. Les Suisses fournissaient alors des mercenaires à tous les états d'Europe. François conclut avec eux un traité, en vertu duquel il put lever dans leur pays autant de troupes qu'il voudrait, en payant chaque année une certaine somme. Ce traité a été observé jusqu'en 1789. François 1er eut bientôt à lutter contre Charles d'Autriche, qui ayant recueilli en 1519 l'héritage de ses parents et de ses grands-parents, était le plus puissant souverain d'Europe. Il possédait, en effet, les Pays-Bas, la Flandre, l'Artois, le Hainaut, le Luxembourg, la Franche-Comté, le Roussillon, l'Espagne, le royaume des Deux-Siciles, les immenses colonies d'Amérique. Ainsi Charles d'Autriche enserrait la France de tous côté, une telle puissance était menaçante pour la France et pour l'Europe entière. Elle ne suffisait pas encore à Charles, qui avait pour devise: "toujours plus oultre", c'est-à-dire toujours plus loin. En 1519, à la mort de Maximilien , il brigua la couronne d'Allemagne.





L'Allemagne était alors partagée en un grand nombre de principautés. Les sept princes les plus considérables avaient le droit d'élire l'empereur. Il furent sollicités par François 1er en même temps que par Charles d'Autriche, et après avoir reçu de l'argent de l'un et de l'autre, ils préférèrent Charles. La guerre éclata bientôt entre les deux rivaux. C'est le commencement de la lutte entre les maisons de France et d'Autriche: elle durera plus d'un siècle, et elle illustrera les plus grands princes, les plus grands généraux, les meilleurs ministres de l'ancienne monarchie Française. François 1er put tenir tête à Charles d'Autriche, parce que ses états étaient très compacts et qu'il y commandait en maitre, au lieu que les états de son rival étaient disséminés et qu'il y rencontrait de grand embarras.Les communes de Flandre et la noblesse d'Espagne n'étaient pas bien soumises à l'autorité de Charles, surtout au début de son règne. les principautés Allemandes étaient à peu près indépendantes de lui, bien qu'il fut l'empereur d'Allemagne. D'ailleurs, l'empire était en butte aux attaques des Turcs. Enfin il s'était produit en Allemagne un grand événement. Un moine, Luther, s'était séparé de l'église, il avait prêché contre les abus commis par l'église, puis contre l'autorité du Pape et contre certains dogmes. Une partie de l'Allemagne avait accepté sa doctrine, c'est-à-dire le protestantisme. La guerre civile allait éclater dans l'empire. François 1er voulut s'assurer l'alliance d'Henri VIII d'Angleterre contre Charles d'Autriche, qu'on appelait Charles-Quint, c'est-à-dire Charles cinquième, depuis qu'il était empereur d'Allemagne. Henri VIII vint en France, François 1er le reçut au camp du drap d'or, mais il s'y montra plus brillant que lui.


Charles-Quint, plus habile, alla en Angleterre, se fit très modeste, gagna les ministres d'Henri VIII et revint avec la promesse de son alliance. la première guerre fut malheureuse pour la France. Bayard arrêta, il est vrai, sous les murs de Mézières, une armée impériale; mais en Italie, il fallut évacuer le Milanais en 1521. Un prince de la maison royale, le connétable de Bourbon, qui avait des griefs contre François 1er, se déshonora par une infâme trahison; il se mit au service de Charles -Quint en 1523. L'année suivante, Bourbon chassa d'Italie une armée Française, qui avait envahi le Milanais. Bayard mourut dans cette retraite désastreuse en 1524. A la suite des Français en déroute, les impériaux envahirent la Provence, mais ils ne peurent prendre une ville. François 1er accourut et les poursuivit à son tour en Italie. On combattit près de Parvie. L'artillerie Française écrasait les carrés ennemis, mais le roi commit une de ces imprudences qui avait coûté si cher à notre chevalerie au temps des guerre avec l'angleterre: il se précipita sur les impériaux, arrêtant ainsi le feu de nos canons. Il fut pris, et son armée détruite en 1525. On emmena François 1er à Madrid, ou il signa un traité plein d'humiliantes conditions, la plus désastreuse était la cession de la Bourgogne à Charles-Quint. Charles-Quint put se croire alors maître de l'Europe; mais Louise de Savoie, mère de François I, et régente pendant sa captivité, ménagea à son fils des alliances en Italie et conclut un traité avec le roi d'Angleterre. La régente et le roi s'adressèrent même au Sultan, qui leur accorda son alliance. Ainsi François I, qu'on appelait le roi très chrétien, s'unit au chef de ceux qu'on appelait les Infidèles; le temps des croisades était bien passé. François 1er, revenu de Madrid réunit une assemblée de notables, qui déclara que le roi n'avait pas le droit de céder une province: il refusa donc de livrer la Bourgogne. La guerre, qui recommença aussitôt, se fit surtout en Italie. Une armée Allemande, commandée par Bourbon, saccagea Rome, pour punir le Pape des sympathies qu'il avait montrées à la France. Nos armées échouèrent à Milan et à Naples. Cependant une attaque dirigée sur Vienne par les Turcs, fit souhaiter la paix à Charles-Quint. Elle fut conclue à Cambrai en 1529. François 1er donnait de l'or, au lieu de la Bourgogne, qu'il garda; mais il abandonnait ses droits sur l'Italie, qui tomba sous la domination de son rival. La paix ne dura six année, pendant lesquelles François 1er négocia avec l'Angleterre, les Turcs, et les princes protestants d'Allemagne. François 1er voulait toujours reprendre le Milanais. Ce fut la cause de la troisième guerre en 1536.


Charles-Quint envahit la Provence, mais il fut repoussé. Le Pape, inquiet des progrès des Turcs, fit signer aux deux rivaux la trêve de nice en 1538. Ils sembla qu'ils furent bien réconciliés. Charles-Quint, pour aller châtier les habitants de Gand révoltés, traversa la France, ou le roi lui donna une brillante hospitalité. On dit que l'empereur lui promit le Milanais. C'est pour le forcer à tenir cette promesse que François déclara la guerre une fois encore en 1542. Henri VIII d'Angleterre fut l'allié de Charles-Quint. Les deux rois voulaient démembrer la France: ils n'y réussirent pas. Dans cette dernière guerre, nos armes furent victorieuses en Piémont, à Cérisoles en 1544, mais la France fut envahie à la fois par Henri VIII, qui prit Boulogne, et par Charles-Quint, qui s'avança jusqu'à Château-Thierry. François et Charles-Quint traitèrent à Crespy en Laonnais en 1544. Les hostilités avec l'Angleterre se prolongèrent jusqu'au traité d'Ardres en 1546. François mourut l'année suivante en 1547.

Louis XII

Charles VIII n'ayant pas laissé d'enfants, la couronne revient au duc d'Orléans, Louis, qui était petit-fils du duc d'Orléans, frère de Charles VI. Louis XII montra par ses premiers actes qu'il serait un roi sage et paternel. Malheureusement il aimait les aventures, comme Charles VIII. Comme lui, il le plus beau cavalier du royaume, et, en outre, il avait des prétentions sur le duché de Milan. Sa grand-mère, Valentine de Milan, femme du duc d'Orléans assassiné en 1407 était une Visconti. Les Visconti avaient été dépossédés du Milanais par les Sforza: Louis XII résolut de chasser les Sforza. Il conquit sans difficulté le duché de Milan en 1499, qu'il garda quelques années, après y avoir réprimé une révolte. Pour conquérir le royaume de Naples, Louis XII s'entendit avec Ferdinand le Catholique, roi d'Aragon. Celui-ci était cousin du roi de Naples, qu'il trahit après avoir fait mine de le défendre. La conquête terminée Louis XII et Ferdinand le Catholique se la partagèrent. Mais Ferdinand le Catholique était le prince le plus perfide de son temps. Le roi de France fut joué par lui, et après plusieurs batailles et beaucoup de négociations, il perdit le royaume de Naples en 1503.                                  


louis XII





 Le chevalier Bayard s'était illustré dans cette guerre. Il restait encore à Louis XII le Milanais; mais il eut bientôt affaire au Pape Jules II. Les Papes du XV et du XVI siècle ne ressemblaient pas à ceux du moyen âge. Au moyen âge, la puissance temporelle des Papes était très faible; mais leur puissance spirituelle était immense. Ils forçaient les rois à se soumettre aux lois de l'église, et les peuples leur obéissaient quand ils faisaient prêcher une croisade. Au xv siècle, les rois étaient maitres chez eux; les voyages de découvertes et les entreprises commerciales avaient pris la place des expéditions inutiles contre les infidèles. la puissance spirituelle des Papes était bien diminuée. Ils s'occupèrent alors d'accroître leur puissance temporelle. Quelques-uns se servirent des moyens les plus détestables. Jules II fut un politique, plutôt qu'un Pape. On le vit même assister, le casque sur la tête, à des batailles et entrer dans les villes par la brèche que ses canons avaient faite. Il voulait chasser les étrangers et faire du Pape le prince le plus puissant en Italie. Pour cela, il fallait d'abord abaisser la puissance de Venise. Jules II organisa contre elle une coalition ou entra Louis XII, qui battit près d'Agnadel l'armée Vénitienne en 1509. A peine Venise a-t-elle était humiliée par le roi de France, que le Pape forme contre celui-ci une ligue avec Venise, les Suisses, Ferdinand d'Aragon, Henri VIII d'Angleterre, Maximilien d'Allemagne. Louis XII envoie en Italie son neuve, Gaston de Foix, âgé de vingt-deux ans. Ce jeune héros rejette les Suisses hors du Milanais, va délivrer Bologne ou des troupes Française sont assiégées, court à Brescia que les Vénitiens ont prise et qu'il reprend, puis à Ravenne, ou il rencontre une armée de Pontificaux et d'Espagnols. Il les met en déroute, mais il meurt au milieu de son triomphe en 1512. Il avait gagné trois victoires en trois mois. On l'appelait le "foudre d'Italie". La fortune de la France sembla succomber avec la mort de Gaston de Foix. Les Français furent chassés d'Italie en 1513 vaincues à Novare. Le roi d'Aragon menaça la France par le sud. Une flotte anglaise attaqua les côtes de Bretagne. Henri VIII, débarqué à Calais, fut rejoint par Maximilien d'Allemagne, et une armée Française fut mise en déroute à Guinegate. Les Suisses envahirent la Bourgogne. Heureusement pour le roi de France, le pacifique Léon X succéda sur le trône pontifical au belliqueux Jules II. La ligue fut peu à peu dissoute et la paix rétablie. Louis XII mourut le 1 janvier 1515. Louis XII, à son avènement, réunit au domaine royale les domaines de la maison d'Orléans. A la mort de Charles VIII, il épousa sa veuve, Anne de Bretagne. De ce mariage naquit une fille Claude. Claude était héritière du duché de Bretagne. Louis XII, qui n'avait pas de fils, la maria au duc d'Angoulème, François, qui était son cousin et héritier du royaume de France. Ainsi fut assurée la réunion du duché de Bretagne à la couronne. Pendant que régnait Louis XII s'accomplit un grand événement, la découverte du nouveau monde. Depuis longtemps les Portugais s'avançaient tous les ans en mer vers le sud, guidés par la boussole. En 1497, Vasco de Gama doubla le cap de Bonne-Espérance et pénétra jusqu'à l'Inde. Christophe Colonb, résolut de trouver une autre route vers les Indes en passant par l'ouest. En 1492, il rencontra des terres inconnues; en 1493, il découvrit quelques-unes des Antilles; en 1498, il toucha le nouveau continent.

Charles VIII

Charles VIII, héritier du trone, est un enfant de treize ans; mais sur lui veille sa soeur ainée,
Anne, mariée au sire de Beaujeu. Anne de Beaujeu avait beaucoup des qualités de son père. Elle eut l'habilité de se faire donner le pouvoir d'unerégente par les Etats Généraux de 1484. Elle triompha de deux révoltes du duc d'Orléans, future Louis XII. Fit épouser au roi la duchesse Anne, héritière de la Bretagne, et prépara ainsi la réunion à la couronne du dernier grand fief demeuré imdépendant. Dès lors Charles VIII gouverna par lui-même. Il avait une intelligence médiocre, et ne se plaisait qu'à la lecture des romans chevaleresques, tout pleins d'aventures extraordinaires; il rèvait d'accomplir quelque grand exploit. Or la maison d'Anjou, dont Louis XI avait hérité, avait autrefois régné à Naples, et elle avait conservé des prétentions sur ce royaume. Charles VIII résolut de les faire valoir. Pour n'être pas inquiété par ses voisins, il donna de l'argent à Henri VII d'Angleterre, rendit à Ferdimand d'Aragon le Roussillon, et à Maximilien d'Autriche, l'époux de Marie de Bourgogne, l'Artois et la Franche-Comté en 1492 et 1493.



charles VII




Charles VIII ne gagna rien à sacrifier ses provinces Française, car ses princes avec lesquels il avait traité s'unirent bientôt contre lui. Il y avait alors en Europe des états bien constitués: en Espagne, la maison d'Aragon avait presque achevé l'unification de la péninsule, qui était demeurée longtemps divisée en plusieurs royaumes; en Allemagne, la maison d'Autriche commençait à devenir puissante; enfin l'Angleterre, ou la royauté était alors très forte, voulait jouer un rôle en Europe. France, Espagne, Autriche et Angleterre s'observent l'une l'autre, pour s'empêcher mutuellement de grandir. Dès qu'une nation menace de devenir trop puissante, les autres se coalisent contre elle: c'est ce qui arriva quand Charles VIII voulut faire des conquêtes en Italie. Il n'y avait pas de roi en Italie, comme il y avait un roi de France et un roi d'Angleterre. La péninsule était divisée en petits états. Le Pape régnait sur Rome et sur les états de l'église. Milan avait pour duc un Sforza, qui avait dépossédé la famille des Visconti. Les Médicis étaient les princes de Florence. Naples avait des rois de la famille d'Aragon. Venise était une république gouvernée par des nobles. Ces états ne s'entendaient pas entre eux; et dans chacun d'eux, il y avait des partis qui conspiraient les uns contre les autres et provoquaient des guerres civiles. Ils appelaient à leur secours les "barbares". C'est ainsi que l'Italie, plus riche et plus civilisée que le reste de l'Europe, nommait les étrangers. La marche des Français fut facile. Charles VIII s'avança jusqu'à la frontière de Naples. Le roi de Naples fut trahi par son armée. Charles VIII à peine avait-il pris le titre de roi de Naples qu'il convoitait celui d'empereur de Constantinople, et qu'il s'apprêtait à guerroyer contre les Turcs. Mais les états Italiens et des princes étrangers, le Pape, Venise, Milan, l'empereur d'Allemagne, le roi d'Aragon font une coalition contre le roi de France, dont la puissance les inquiète. Charles VIII laisse la plus grande partie de son armée à Naples, emmène neuf mille hommes avec lui, rencontre à Fornoue l'armée des  coalisés forte de trente mille hommes, se fraye un chemin par une brillante victoire et rentre dans son royaume en 1495. peu de temps après, une partie de l'armée qu'il avait laissée en Italie est faite prisonnière; le reste revient en France. Le roi ne garde pas un pouce de terrain au delà des Alpes. Il meurt après avoir violemment heurté de son front un linteau de pierre placé trop bas en 1498.

Louis XI

A la mort de Charles VII en 1461, son fils Louis XI dut pendant presque tout son règne lutter contre cette maison trop puissante; heureusement les états du duc de Bourgogne étaient isolés lesuns des autres, et les villes de son comté de flandre étaient toujours prêtes à se révolter. Les états du roi de France étaient, au contraire, compacts, et tout le monde y obéissait à ses ordres. Le dauphin louis XI avait été, du vivant de son pére, l'allié des nobles: il ne leur ressemblait pourtant guère. La noblesse aimait le luxe, se plaisait aux tournois ou l'on faisait paraitre sa richesse et son adresse aux armes, et aux banquets qui duraient de longues heures. Louis XI, au contraire, vêtu d'une sorte d'habit de pèlerin, vivait chichement, ne donnait pas de fêtes, s'ennuyait à celles qu'on lui offrait. Il n'aimait que la compagnie des petites gens, de son barbier, par exemple, Olivier le Daim; qu'il appelait "mon compère", le prévôt des marchands de Paris, Tristan l'Hermite. Au reste, il ne consultait personne, et l'on disait que "son cheval portait tout son conseil." Il s'était mis dans le parti des grands, au temps de Charles VII, parce qu'il avait hâte de jouer un rôle et d'être le maitre: mais au moment ou il conspirait avec eux, il avait ses projets pour abattre la noblesse. A peine roi, il voulut faire sentir son autorité à tout le monde; mais il y mit tant de précipitation que tout le monde s'ameuta contre lui.



louis XI fils de charles VII





Louis XI disgracia tous ceux qui avaient été en faveur auprès de son père. Il enleva aux plus grands seigneurs, même à son frère Charles de France et à son cousin le duc de Bourbon, les gouvernements dont ils étaient pourvus: il augmenta la taille, et provoqua des révoltes de bourgeois qu'il réprima cruellement. Il racheta au duc de Bourgogne les villes de la Somme, que Charles VII avait cédées par le traité d'Arras, ce qui mécontenta le fils du duc, Charles comte de Charolais, l'homme redoutable à qui l'histoire a donné le nom de Charles le Téméraire. Enfin, le roi indigna toute la noblesse en voulant lui retirer le droit de chasse, qui était la source d'intolérables abus. En 1465, tous ceux que le nouveau roi avait lésés formèrent une ligue qu'ils appelèrent Ligue du bien public, pour faire croire qu'ils défendaient, non leurs propres intérêts, mais ceux de la France. Louis XI remporta des succès dans le midi, et presque une victoire sur le comte de Charolais à Montlhéry; mais les coalisés étaient trop nombreux; il se résolut à traiter et il donna aux révoltés toutes les dignités et tout l'argent qu'ils réclamaient; son frère, Charles de France, eut le gouvernement de la Normandie. Charles le Téméraire recouvra les villes de la Somme. Louis XI était résolu à ne pas tenir ses promesses, mais il se garda de les violer toutes à la fois. Pour diviser ses ennemis, il en combla quelques-uns de ses faveurs. Il flatta les Bourgeois de sa "bonne ville de Paris", donna de l'argent au duc de Bretagne, et suscita des révoltes en Flandre pour occuper Charles le Téméraire. Quand il se crut sur de lui, il enleva à son frère Charles de France le gouvernement de la Normandie. La Normandie touchait à la Bretagne, dont le duc était toujours prêt à faire la guerre au roi; elle touchait aussi aux villes de la Somme, qui avaient été rendues à Charles le Téméraire par le traité de 1465. Enfin il était facile d'y appeler les Anglais, toujours prêts à venir profiter de nos troubles. C'est pourquoi Louis ne voulut pas y laisser son frère, qui conspirait sans cesse avec ses ennemis. Mais Charles le Téméraire est vainqueur des villes de Flandres révoltées. Il devient duc de Bourgogne à la mort de son père Philippe le Bon en 1467, et se met à la tête d'une seconde ligue, ou entre le roi d'Angleterre Edouard IV. Louis XI bat le duc de Bretagne, et, se fiant à son habilité, se rend auprès de Charles le Téméraire à Péronne, pour traiter avec lui. Comme il s'y trouvait, arrive la nouvelle d'une révolte de Liège, ville qui appartenait à Charles le Téméraire. Charles persuadé que le roi a provoqué cette révolte. L'enferme dans la tour de Péronne, et l'y laisse deux jours dans l'attente de la mort. Enfin il lui fait jurer d'observer le traité de 1465, et de donner à Charles de France la Champagne et la Brie, au lieu de la Normandie.


Puis il oblige louis XI à le suivre devant Liège, pour combattre avec lui les Bourgeois qui s'étaient soulevés. Il détruit la ville sous ses yeux, et le renvoie, tout humilié à Paris. Les Bourgeois avaient appris aux oiseaux parleurs le mot de Péronne ! Péronne ! dont ils saluèrent Louis XI à son entrée. Louis trompe encore une fois ses ennemis; il convoque une assemblée des Etats Généraux à Tours, et il y fait abolir ce qu'il a fait à Péronne en 1470. Au lieu de donner à son frère la Champagne ou il eut été trop voisin du duc de Bourgogne, il l'envoie gouverner la Guyenne. Une troisième ligue se forme en 1471, plus redoutable que les deux autres; mais Charles de France, que l'on songeait à faire roi, meurt au début des hostilités. On accusa Louis XI, sans preuves, d'avoir empoisonné son frère en 1472. Charles le Téméraire entra aussitôt en Picardie; mais il échoua devant Beauvais. Il signa donc la trêve de Senlis; le duc de Bretagne fut en même temps forcé de traiter. La victoire de Louis XI était assurée désormais car Charles le Téméraire tourna son ambition du côté de l'Allemagne. Il voulait réunir à ses états la Provence, le Dauphiné, la Suisse, la Lorraine, l'Alsace et prendre ensuite le titre de "roi de Bourgogne". Il se jeta dans cette entreprise avec son emportement habituel. Le roi de France suivit tous ses mouvements, et lui suscita partout des difficultés. Pendant que Charles le Téméraire était occupé sur le Rhin, Louis XI repoussa une invasion du roi d'angleterre, Edouard IV, qui était venu pour conquérir ce qu'il appelait "son royaume de France". Edouard IV s'en alla content d'avoir reçu de l'argent pour lui et ses favoris en 1475. Battu par les Suisses dans les combats de Granson et de Morat en 1476, le Téméraire se fit tuer devant Nancy en 1477. Charles le Téméraire n'avait qu'un fille, Marie de Bourgogne, qui avait vingt ans; Louis XI voulait la marier à son fils, le dauphin Charles qui avait huit ans. Il espérait garder ainsi toute la succession du duc. Mais Marie de Bourgogne épousa l'archiduc Maximilien d'Autriche, qui fut depuis empereur d'Allemagne.
Maximilien défendit, les armes à la main, la succession de Charles le Téméraire. Après une guerre indécise, Louis XI garda les villes de la Somme, l'Artois, la Bourgogne, la Franche-Comté. Les Pays-Bas restèrent à la maison d'Autriche. Ainsi Louis XI avait acquis au nord et à l'est quatre belles provinces. La maison d'Anjou s'était éteinte, il hérita d'elle deux provinces du centre, le Maine et l'Anjou, et une province au sud, la Provence. Il avait acheté au roi d'Aragon le Roussillon. Aucun règne été marqué par de si importantes acquisitions. La frontière de France touchait désormais aux Pyrénées et aux Alpes,et elle se rapprochait, au nord et à l'est du point ou elle est aujourd'hui. La fin de Louis XI fut triste. Retiré au château de Plessis-les-Tours, se défiant de ses enfants, il voulut voir, dans ses derniers jours, un saint homme, François de Paule, auquel il demanda vainement de prolonger par un miracle une vie qui s'éteignit en 1483. Aussitôt que Louis XI a fermé les yeux, toute la noblesse s'agite pour reprendre ce qu'elle a perdu sous son règne.

Charles VII

Charles VI étant mort, Henri VI d'Angleterre fut proclamé roi de France à Paris, et reconnu dans presque toutes les provinces située au nord de la loire. Comme il était mineur, la régence fut exercée par son oncle, le duc de Bedford. En même temps, le dauphin Charles était proclamé roi à Mehun-sur-Yèvre, en Berry, sous le nom de Charles VII en 1422. La guerre continua entre les Anglais,soutenus par le duc de Bourgogne, et les Français restés fidèles à l'héritier légitime. Mais celui-ci était bien faible et les Anglais l'appelaient par dérision le roi de Bourges. Charles VII montra d'abord peu d'énergie; il était conduit par des favoris et s'adonnait au plaisir, malgré l'extrême détresse de son trésor; mais ses sujets ne l'abandonnèrent pas. Les malheurs de la France ne faisaient qu'accroître le patriotisme des Français. Les villes assiégées se défendaient jusqu'à la dernière extrémité. Sous la bannière de Charles VII combattaient de vaillants capitaines, le connétable de Richemont, frère du duc de Bretagne, le comte de Dunois, La Hire, Jean Poton de xaintrailles...
les débuts de ce règne furent cependant malheureux. Les français essuyèrent plusieurs revers. La guerre était partout; il n'y avait pas de troupes régulièrents; chaque capitaine conduisait sa bande à sa guise; les soldats mal payés vivaient d'exactions et de pillage; la misère du peuple était au comble. En 1428, le duc de Bedford rassembla une armée d'environ 10 000 hommes, qui sous le commandement du comte Salisbury, vient mettre le siège devant Orléans.



charles VII




Cette ville défendait l'entrée des provinces qui restaient à Charles VII. Les habitants résistèrent courageusement en compagnies; ils avaient une bonne artillerie, qui faisait beaucoup de mal aux Anglais. Les ennemis, désespérant d'emporter Orléans de vive force, bâtirent tout autour de petits fort ou bastilles pour la bloquer et la réduire par la famine; mais ils ne purent empêcher un grand nombre de capitaines Français d'entrer dans la place avec leurs soldats. Orléans se défendit tout l'hiver. Des troupes se formaient pour aller délivrer la ville. Une de ces troupes attaqua près de Rouvray un convoi de vivres, qu'un capitaine Anglais menait à ses compatriotes campés devant Orléans. L'attaque commença bien; le canon Français défonça des tonneaux de harengs, qui se répandirent sur le sol, d'ou le nom de journée des harengs donné à la bataille. Mais les Anglais furent encore une fois vainqueurs en 1429. Alors le découragement se mit parmi les défenseurs d'Orléans; des capitaines quittèrent la ville; mais les bourgeois tinrent bon, et s'obstinèrent à attendre du secours: ils allaient être délivrés par Jeanne Darc. Jeanne Darc était une jeune fille du village de Domrémy en Lorraine, sur la frontière de la Champagne. Dans son enfance, elle crut entendre des voix qui lui ordonnaient d'aller délivrer le royaume de France. Après avoir vaincu les résistances de sa famille, elle partit de la ville de Vaucouleurs sous la conduite de six hommes d'armes. habillée et équipée elle-même comme un homme d'armes, elle fit un voyage de près de cent cinquante lieues, pour aller trouver Charles VII à Chinon. Le roi la reçu au milieu de sa cour, ou sans se laissait troubler, elle lui déclara qu'elle était envoyée par le roi des cieux, pour faire lever le siège d'Orléans et conduire Charles à Reims ou il serait sacré. On hésita longtemps à la croire. Beaucoup de grands seigneurs méprisaient cette fille ignorante et simple; les savants doutaient qu'elle vint de la part de Dieu. Mais le peuple ne doutait pas: il croyait à la mission de Jeanne. On disait que le royaume de France, perdu par une femme, Isabelle de Bavière, serait sauvé par une autre femme. Jeanne fut interrogée par un conseil de prélats et de docteurs en théologie: elle étonna par la fermeté de ses réponses. Enfin on lui donna ce qu'elle demandait, c'est-à-dire des troupes pour délivrer Orléans. Le 27 avril 1429, Jeanne Darc partit de Blois avec une petite armée et un convoi de vivres. Le 29 avril, Jeanne entra dans Orléans, sans que les Anglais fissent rien pour l'en empêcher. Elle fut reçu par les habitants comme une envoyée du ciel. Le 4 mai, la bastille Saint-loup, à l'est de la ville, fut enlevée par les Français après un combat meurtrier. Le 6 mai, la bastille des Augustins, au sud de la Loire, fut prise par Jeanne Darc, qui fut légèrement blessée au pied. Le 7 mai, à l'attaque de la bastille des Tournelles, elle fut blessée à l'épaule; mais dès que sa blessure eut été pansée, elle revint à la charge,et la forteresse fut emportée. Enfin le 8 mai, les Anglais levèrent le siège et se mirent en route vers le nord, abandonnant leurs blessés, leurs vivres et leurs munitions. Orléans délivré Jeanne alla trouver le roi à Tours pour l'exhorter à marcher sur Reims ou il devait être sacré. Les conseillers du roi s'effrayaient d'une si grande expédition; lui-même était fort irrésolu; mais de toute la France, les chevaliers et les gens d'arme accouraient se ranger autour de Jeanne. On prit d'abord plusieurs places voisines d'Orléans. le 18 juin, les Anglais furent battus à Patay, le plus fameux capitaine Anglais de ce temps, fut fait prisonnier. Dès lors, on n'hésita plus, et Charles VII se dirigea vers Reims. Enfin le 17 juillet 1429, Charles VII fut sacré à Reims. Au printemps de l'année 1430, Jeanne était toujours aussi vaillante,elle se jeta dans Compiégne, qu'assiégeait le duc de Bourgogne; elle prit part à une sortie mais les Bourguignons eurent l'avantage, et quand elle voulut rentrer dans la place après avoir bravement soutenu la retraite, le gouverneur effrayé avait fait lever le pont-levis.


Jeanne fut prise par un archer qui la conduisit à Jean de Luxembourg, vassal du duc de Bourgogne le 24 mai 1430. Les Anglais voulurent avoir Jeanne entre leurs mains. Pour ranimer le courage de leurs soldats et de leurs partisans, ils étaient résolus à la déshonorer en la faisant passer pour une sorcière envoyée par le démon. L'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, qui était dévoué aux Anglais, réclama la prisonnière pour la faire comparaitre devant un tribunal ecclésiastique. Jean de Luxembourg, après de longues hésitations,vendit Jeanne aux Anglais pour dix mille livres. Elle fut conduite à Rouen, ou on lui fit son procés, qui dura trois mois, et elle fut brulée le 30 mai 1431. Elle mourut avec un admirable courage et fut dès lors considérée par tout le peuple comme une sainte martyre. Ce crime ne ramena pas la fortune du côté des Anglais. En 1435, le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, se reconsilia par le traité d'Arras avec le roi de France. Le roi y déclara qu'il n'avait jamais approuvé le meutre de Jean sans Peur, pére de Philippe le Bon, et il céda au duc les comtés d'Auxerre et Mâcon, et les villes situées sur la Somme. Dès lors les Anglais perdirent leur meilleur allié. L'année suivante, les bourgeois de Paris appelèrent le connétable de Richemont, qui entra dans la ville avec les troupes de Charles VII; la garnison Anglaise se retira dans la Bastille, et en sortit ensuite sur la promesse qu'elle aurait la vie sauve en 1436. Charles VII commençait à s'appliquer avec plus de soin au gouvernement de son royaume. Il reprit les places que les Anglais occupaient encore au coeur du royaume, et il conclut, en 1444, avec Henri VI d'Angleterre, une trève qui laissait celui-ci en possession de la Guyenne et de la Normandie. Les hostilités recommencèrent en 1449. Le roi avait déjà fait alors ses principales réforme, l'impôt perpétuel et l'armée permanente. Il avait une bonne armée; la guerre ne dura que quatre ans. En 1450, après une belle victoire remportée à Formigny, la Normandie fut reconquise. En 1451, Bordeaux se rendait aux Français; il est vrai qu'il ouvrit de nouveau ses porte au Anglais en 1452; mais en 1453, une armée royale fut victorieuse à Castillon, et la Guyenne entière conquise. Il ne restait plus aux Anglais que Calais. La guerre de cent ans était terminée. Charles VII avait rendu de grands services à la royauté, pourtant la royauté n'était pas encore maitresse de toute le France. Il n'y avait plus de duc de Normandie, de duc d'Aquitaine, de comte de Champagne, ni de comte de Toulouse; ces duchés et ces comtés étaient réunis au domaine royale. mais le duc de Bretagne était à peu près indépendant. Au sud, les seigneurs de Foix, d'Albret, d'Armagnac ne reconnaissaient guère l'autorité du roi. En outre, les rois avaient coutume de donner à leurs fils cadets des provinces qu'on appelait apanages et que ceux-ci transmettaient à leurs enfants. Ainsi s'étaient formés de nouveaux états féodaux. La maison d'Anjou, qui descendait de Louis VIII, possédait la Provence, l'Anjou, le Maine, la Lorraine. La maison de Bourgogne, descendant de Jean le Bon, avait la Bourgogne, la Franche-Comté, les pays d'Auxerre et de Boulogne, les villes de la Somme, la Flandre,la Hollande, le Hainaut, le Brabant.

Charles VI

Charles VI n'avait pas tout à fait douze ans à la mort de son père Charles V.
La régence appartint d'abord à ses oncles, les frères de Charles V. C'étaient le duc d'Anjou, prince violent et avide, qui ne songeait qu'à amasser des trésors au dépens du roi et des sujets; le duc de Berry, qui ne se signala que par sa faiblesse et sa cupidité, et le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, qui était plus occupé des intérêts de ses états particuliers que du bien du royaume. Philippe le Hardi avait épousé l'héritière du comté de Flandre et de la Franche-comté, et il allait devenir un des plus puissants princes de l'Occident. Les trésors amassés par Charles V furent promptement dépensés.
Aussi le gouvernement, qui avait d'abord supprimé les impôts, fut bientôt obligé de les rétablir. Les Parisiens se soulevèrent; un grand nombre d'entre eux s'armèrent de maillets, d'ou leur vint le surnom de Maillotins; ils massacrèrent les percepteurs des taxes, ouvrirent les prisons et se livrèrent au pillage; il fallut de nouveau abolir les impôts les plus lourds.



charles VI




D'autre villes furent le thêatre de pareils désodres, provoqués par la détestable administration des princes. Les Communes de Flandre étaient en guerre avec leur comte et l'avaient presque entièrement chassé de ses domaines. Le duc de Borgogne, gendre et héritier du comte, voulut le rétablir. Le roi et ses oncles marchèrent contre les Flamands.
Ceux-ci avaient pour chef Philippe Artevelde, fils de Jacques Artevelde qui avait été de son vivant le maitre de la Flandre, et que ses compatriotes avaient fini par tuer. On en vint aux mains à Rosebecque; les Flamands furent vaincus et Artevelde tué en 1382.
Charles VI et ses oncles, après avoir soumis une partie de la Flandre, revinrent à Paris, résolus à se venger des révoltes précédentes. Ils traitèrent la capitale comme une ville ennemie, ordonnèrent des exécutions et rétablirent les impôts.
D'autre villes furent traitées de même. Les Communes de Flandre ayant été vaincues, la noblesse se vengeait des Communes de France. Les oncles du roi dirigèrent encore plusieurs années le gouvernement. Ils commirent de si grandes fautes qu'ils excitèrent l'indignation des hommes les plus sages du royaume. On décida enfin Charles VI à leur ôter le pouvoir en 1388. L'administration fut alors confiée aux anciens ministres et conseillers du roi Charles V, qu'on appela par dérision les Marmoussets, parce que c'étaient des gens de naissance modeste. Le peuple accueillit avec joie ce changement. Cet heureux état des choses ne dura pas. En 1392, le connétable Clisson, un des principaux conseillers du roi, fut presque tué par des assassins que conduisait un seigneur de la cour, nommé Pierre de Craon. Celui-ci se réfugia en Bretagne; le duc de Bretagne refusa de le livrer au roi, qui marcha contre lui avec une armée. En traversant la forêt du Mans, Charles VI fut saisi d'un accès de folie furieuse. Il ne retrouva jamais toutes ses facultés; il eut encore quelques lueurs de raison, mais pendant les trente années qu'il vécu après cet accident, il fut presque toujours comme en enfance. Aussi le peuple, loin de lui attribuer les calamités de toutes sortes dont son règne fut rempli, ils eurent toujours pour lui beaucoup d'affection et de respect, et on le surnomma Charles le Bien-Aimé. Les oncles du roi reprirent le pouvoir et se vengèrent des ministres qui les avaient écartés. Le duc de Bourgogne trouva cependant un rival dans le duc d'Orléans, frère cadet du roi, prince brillant et chevaleresque, mais trop adonné aux plaisirs. Presque tous les princes et les seigneurs de France prirent parti pour le duc de Bourgogne ou le duc d'Orléans.


Le royaume fut en proie à la guerre civile. La misère devint de plus en plus grande, tandis que la cour était, malgré la maladie du roi, un séjour de fêtes et de réjouissances continuelles. Le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, mourut en 1404. Son fils, Jean sans Peur, lui succéda: c'était un homme violent, qui entra tout de suite en guerre avec le duc d'Orléans. On parvient à les réconcilier au bout de trois année; mais cette réconciliation était de la part du duc de Bourgogne une feinte odieuse: quelques jours après, il fit assassiner le duc d'Orléans en 1407. La veuve du duc d'Orléans, Valentine Visconti, fille du duc de Milan, était morte un an après son mari, désespérée de n'avoir pu le venger. Son fils ainé épousa la fille d'un puissant seigneur du sud, le comte d'Armagnac, qui devint le chef du parti d'Orléans, auquel on donna le nom de parti des Armagnacs. Toute la France fut divisée en Armagnacs et en Bourguignons. La guerre civile était presque continuelle; les ravages des gens de guerre achevaient de ruiner le pays. La paix fut plusieurs fois rétablie, mais elle durait peu: les deux parties étaient tour à tour maitre du roi fou, dont ils se servaient comme d'un instrument. Jean sans Peur, duc de bourgogne, était aimé des Parisiens, mais il s'appuyait sur les plus turbulents d'entre eux, et pricipalement sur la corporation des bouchers, qui était alors très puissante. Les bouchers et leurs partisans, qu'on appelait les Cabochiens, du nom de leur chef, l'écorcheur Caboche, répendaient la terreur par des leurs actes de violence. On appela les Armagnacs, et le duc de Bourgogne fut obligé de quitter Paris et de se retirer en Flandre en 1413. Pendant une grande partie du règne de Charles VI, la guerre contre les Anglais avait continué sans succès éclatant de part ni d'autre, et elle avait été plusieur fois interrompue par des trêves. Henri V, prince habile et entreprenant, qui monta sur le trône d'Angleterre en 1413, résolut de profiter de la situation de la France. En 1415, il débarqua en Normandie, près d'Honfleur, dont il s'empara; mais comme il avait perdu beaucoup de soldat, il se mit en marche vers Calais pour s'y retirer. Une grande armée Française se mit à sa poursuite, et l'atteignit à Azincourt le 14 octobre 1415, mais la bataille qui s'y engagea fut pour la chevalerie Française un désastre. Un si grand malheur ne réconcilia pas les Armagnacs et les Bourguignons. Les premiers étaient toujours maitre de Paris; mais les cruautés du comte d'Armagnac, devenu connétable, exaspérèrent les Parisiens, qui rappelèrent les Bourguignons. Ceux-ci firent , en arrivant, un grand massacre d'Armagnacs.


La guerre civile reprit de plus belle; le jeune dauphin Charles, future Charles VII, devint le chef du parti des Armagnacs, pendant que son père était au pouvoir du duc de Bourgogne.
Pendant ce temps-la, Henri V d'Angleterre s'emparait de Rouen après un siège héroiquement soutenu par les habitants de 1418 à 1419. Les deux partis qui divisaient la France semblèrent alors vouloir se rapprocher: le dauphin et Jean sans Peur firent la paix; mais dans une entrevue qui eut lieu au pont de Montereau, les serviteurs du dauphin assassinèrent le duc de Bourgogne en 1419. Pour venger son père, le nouveau duc de Bourgogne, Philippe, dit le Bon, d'accord avec la reine Isabelle de Bavière, femme de Charles VI, fit alliance avec Henri V d'Angleterre. Alors le pauvre roi fou Charles VI, dominé par sa femme et par son neveu Philippe le Bon, signa le traité de Troyes, qui livrait la France à l'Angleterre en 1420. Henri V épousa Catherine, fille de Charles VI et fut déclaré l'héritier du roi de France. Les Anglais furent reçu dans Paris et dans presque toutes les villes du parti de Bourgogne. Quant au Dauphin, légitime successeur de Charles VI, il était déshérité. Henri V ne survécut guerre à ses succès; après avoir pris plusieurs villes qui résistèrent courageusement, comme Melun, il mourut à Vincennes en 1422, ne laissant pour successeur qu'un enfant âgé de quelque mois, le future Henri VI. Le roi de France, Charles VI, expira peu de jours après.

Charles V

Le dauphin Charles succéda à son père Jean le Bon, sous le nom de Charles V.
C'était un roi ami des lettres et des sciences; le surnom de sage qu'on lui donna veut dire savant. Il était maladif, etne faisait jamais la guerre en personne; mais il sut bien choisir ses conseillers et ses généraux. Parmi ces derniers, le plus illustre fut Bertrand du Guesclin, qu'il fit connétable, c'est-à-dire l'officier qui était revêtu du plus haut grade dans l'armée. Du Guesclin fit d'abord la guerre au roi de Navarre Charles le Mauvais, et le battit à Cocherel en 1364. Charles le Mauvais cousin et gendre du roi Jean le Bon obtient la paix l'année suivante, à la condition de renoncer à toute prétention sur la couronne de France. Du Guesclin alla ensuite en Bretagne soutenir la cause de Charles de Blois; mais à la bataille d'Auray, Charles de Blois fut tué et du Guesclin fait prisonnier en 1364.
Jean de Monfort, n'ayant plus de rival, devin duc de Bretagne en 1365; mais il se reconnut vassal du roi de France, qui se réconcilia avec lui. La Bretagne fut de nouveau rattachée à la France. Après que la paix fut signée, la France fut ravagée par les gens de guerre, qui se trouvant sans emploi et sans solde, parcouraient le pays en tous sens, réunis en bandes nombreuses et redoutables qu'on appelait les grandes compagnies.



charles V et du guesclin





Charles V chargea du Gesclin, qui venait de sortir de captivité, d'en délivrer le royaume.
Du Guesclin les conduisit en Espagne; il combattit vaillamment, comme toujours, et fut d'abord victorieux, mais le prince noir alla le combattre et le fit prisonnier. La France paya la rançon du connétable. Cependant Charles V voulait recouvrer les provinces qui avaient été cédées à l'Angleterre par le traité de Brétigny. Le prince noir, qui gouvernait le duché d'Aquitaine, tenait à Bordeaux une cour brillante. Pour suffire à ses dépenses, il établit de lourds impôts, et ses sujets regrettèrent le temps ou ils étaient soumis au roi de France. Les principaux seigneurs de l'Aquitaine portèrent leurs réclamations à Charles V, le considérant, malgré le traité de Brétigny, comme leur suzerain en 1368.
Charles V ordonna au prince noir de comparaître à Paris devant le parlement, le prince noir répondit qu'il irait le casque en tête et avec soixante mille hommes. Charles V confia la direction de cette guerre à du Guesclin. Les Français surent éviter cette fois les fautes qui avaient amené les défaites de Crécy et de Poitiers; ils refusèrent constamment la bataille.
En 1373, une grande armée Anglaise débarque à Calais et parcourt toute la France; mais elle ne peut s'emparer d'une seule place, sans cesse harcelée, affaiblie par la fatigue, les privations et les petits combats, elle ne comptait plus que six mille hommes en arrivant à Bordeaux. Le prince noir, malade, avait été obligé de retourner dans son pays, ou il mourut en 1376. Edouard III acheva ainsi au milieu des revers son règne si longtemps glorieux, il mourut en 1377, laissant la couronne à un prince mineur, Richard.


Charles V poursuivit le cours de ses succès; les Anglais ne possédaient plus en France que quelques ports; une flotte Française ravagea les côtes d'Angleterre; le roi songeait même à reprendre Calais. Charles V ne devait pas vivre assez longtemps pour accomplir tous ses projets. en 1378, il avait cherché à se rendre maitre de la Bretagne, donc le duc avait pris le parti des Anglais. Les Bretons résistèrent; ils voulaient être Français, mais non pas être soumis directement au roi, et ils tenaient à conserver une certaine independance.
Du Guesclin faillit même à ce sujet se brouiller avec le roi, car il était né en Bretagne, et lui renvoya l'épée de connétable. Il consentit pourtant à la reprendre, car il commandait encore l'armée de Charles V, lorsqu'il mourut en 1380 devant Chateauneuf-de-Randon, ville du Gévaudan qu'il assiégeait. Le roi voulut qu'il fut enterré à Saint-Denis, dans la sépulture des rois. Charles V mourut peu de temps après lui en 1380.

Jean II le Bon

Le successeur de Philippe IV de Valois son fil Jean II, à qui l'on donna le surnom de Bon à cause de sa bravoure. Violent, capricieux, aimant passionnément les fêtes et les plaisirs, Jean II le Bon mécontenta bientôt tout le monde. Quand il eut épuisé le trésor,ce qui arriva vite, il recourut aux plus mauvais moyens pour les remplir: les impôts. Ces moyens ne suffisant pas, il fut obligé de convoquer en 1351 les Etats Généraux pour obtenir de l'argent; ils accordèrent de quoi entretenir une nombreuse armée pendant un ans; mais ils exigèrent que les impôts qu'ils établissaient fussent payés par tous les habitants du royaume sans distinction de rang, c'est-à-dire par les nobles aussi bien que par ceux qui ne l'étaient pas.
En 1356, le roi d'Angleterre entre en France par Calais et ravage l'Artois.



jean II le bon





Son fils le prince de Galles, qu'on appelait aussi prince noir à cause de la couleur de son armure, dévaste les provinces du centre de la France. Jean le Bon marche contre lui à la tête d'une armée, presque aussi nombreuse et aussi brillante que celle qui avait combattu à Crécy, et il atteint les Anglais à Maupertuis près de Poitiers. Les Français sont encore une fois vaincus, et le roi Jean le Bon est fait prisonnier avec un de ses fils et une grande partie de la noblesse. Le fils ainé du roi, le dauphin Charles, plus tard Charles V, âgé de dix-huit ans, s'était enfui du champ de bataille de Poitiers, courru à Paris, prit le titre de lieutenant du roi et convoqua les Etats Généraux. Les Etats Généraux étaient justement exaspérés du désastre de poitiers, et de l'incapacité dont le roi avait fait preuve. Ils voulurent diriger eux-mêmes le royaume, en donnant au dauphin Charles des conseillers nommés par eux, et sans lesquels il ne pourrait rien faire. Le dauphin, qui était très habile, ne résista pas ouvertement; il voulut gagner du temps et renvoya les députés pour quelques mois.
Mais ceux-ci se réunirent de nouveau dans le courant de l'année 1357, et se montrèrent de plus en plus mécontents. Pour comble de malheur, les paysants se révoltèrent.


Cette révolte s'appela la Jacquerie parce qu'on avait coutume de donner aux paysans le surnom de Jacques Bonhomme. La guerre civile ajoutait donc ses horreurs à celles de la guerre étrangère. Le roi Jean le Bon, toujours prisonnier des Anglais, voulut sa liberté: il signa un traité par lequel il cédait au roi d'Angleterre la moitier de la France: le dauphin refusa de l'exécuter, et la guerre continua. Edouard III, débarqué à Calais avec une nombreuse armée, ravagea plusieurs provinces, et vint menacer Paris en 1359; mais le dauphin défendit à ses généraux de combattre; les Anglais, lorsque les vivres commencèrent à leur manquer, consentirent enfin à une paix raisonnable. Par le traité de Brétigny près de Chartres le 18 mai 1360. La France abandonna au roi d'Angleterre l'Aquitaine jusqu'à la Loire, et la rançon du roi Jean le Bon fut fixée à trois millions d'écu d'or. le roi rentra dans ses états, et reprit l'administration. L'adversité ne l'avait pas rendu plus sage. Le duc de Bourgogne étant mort, le roi hérita de ce duché; au lieu de le garder, il le donna à son plus jeune fils, Philippe le Hardi, qui avait vaillament combattu à ses côtés à Poitiers. Philippe le Hardi fut le chef de cette maison de Bourgogne, qui devait se rendre aussi puissante que les rois de France, et mettre plus d'une fois la monarchie en péril. Jean le Bon ne mourut pas en France. Un de ses fils était resté à Londres, après la paix de Brétigny, comme otage, pour garantir le payement de la rançon du roi. Il s'échappa. Jean jugea que l'honneur l'obligeait à retourner en Angleterre. Il y mourut en 1364. Le dauphin Charles succéda à son père.

les Valois ... Philippe de Valois

A l'avènement de Philippe de Valois en 1328, la France était le plus puissant royaume de la chrétienté. Philippe VI de Valois n'était que le neveu de Philippe le Bel; le roi d'Angleterre, Edouard III, étaitpar sa mère Isabelle, le petit-fils de Philippe le Bel. Si les femmes n'avaient pas été exclues du trone par la loi Salique, Edouard III, roi d'Angleterre, aurait donc été en même temps roi de France. Edouard III ne reconnut pas la loi Salique, et résolut de revendiquer ses droits à la couronne de France; mais Philippe de Valois prit possession du pouvoir sans résistance, et l'année même de son avènement, il remporta une grande victoire à Cassel sur les Flamands révoltés contre leur comte.
Edouard III d'Angleterre ne voulut pas lutter contre un roi si puissant, et même il vient rendre hommage à Pilippe de Valois, dont il était le vassal pour le duché de Guyenne.




philippe VI, philippe de valois




Edouard III n'avait pourtant pas renoncé à la couronne de France. Il chercha des alliés en Allemagne et en Flandre. Philippe le Valois, de son côté, s'allia aux Ecossais, qui étaient en guerre avec Edouard III. Voici dans quelles circonstances la guerre de cent ans éclata.
Un prince de la famille royale, Robert d'Artois, condamné au bannissement et à la confiscation de ses biens pour différent crimes, se réfugia auprès Edouard III et l'excita à faire valoir ses prétentions par les armes. En 1337, Edouard III déclara la guerre à Philippe et prit le titre de roi de France. Ainsi commença la guerre qu'on appelée la guerre de centans. En apparence, le roi de France était bien plus puissant que le roi d'Angleterre; car la France était plus étendue, plus peuplée, plus riche que l'Angleterre. Philippe le Valois avait un pouvoir presque absolu. On le considérait comme le premier roi de la chrétienté, et de toute l'Europe, les chevaliers se rendaient à sa cour, qui était le modèle des cours royales. Mais Philippe et son successeur, Jean le Bon gouvernèrent mal et combattirent mal. Ils mirent leur point d'honneur à se jeter dans le mêlée pour y donner de grands coups d'épée. Ils dédaignaient l'infanterie, qui combattait de loin, en lançant des flèches avec des arcs, et par orgueil féodal, ils ne se servirent jamais qu'à regret des vaillantes milices des Communes de France. Ils ne savaient ni organiser, ni commander une armée. Au contraire, les rois Anglais avaient, à côté de leur chevalerie, une infantrie solide, composée d'archers, fournis par les milices des Communes d'Angleterre. Ils mettaient dans leurs troupes de l'ordre et de la discipline. C'est pourquoi avec des armée bien moins nombreuses, ils remportèrent de grandes victoires sur les chevaliers de France. Edouard III trouva d'abord dans les Flamands d'utiles alliés. Le comte de Flandre, Louis de Nevers, resta fidèle au roi de France, qui l'avait soutenue contre ses sujets; mais les Flamands étaient pour l'Angleterre; car ils tiraient de ce pays les laines dont ils avaient besoin pour la fabrication des draps, leur plus florissante industrie. Ils se révoltèrent de nouveau contre leur comte, mirent à leur tête un riche bourgeois de Gand, le brasseur, Jacques Artevelde, qui fut pendant plusieurs années le maitre absolu de la Flandre, et allié des Anglais. Grâce au concours des Flamands, la flotte Anglaise remporta près du port de l'Ecluse, sur les côtes de Zélande, province de Hollande, une grande victoire sur la flotte Française en 1340. Celle-ci mal commandée, se laissa surprendre dans un mauvaise position, et fut presque entièrement détruite.


La même année, Edouard III assiégea Tournai sans pouvoir la prendre; une trêve fut conclue, mais les Français et les Anglais se combattirent en Bretagne, ou Jean de Montfort et Charles de Blois se disputaient le duché. Cette guerre fut appelée la guerre des deux Jeannes, parce que les femmes des deux prétendants s'appelaient Jeanne, s'y firent remarquer par leur courage et leur persévérance: elles soutinrent la lutte pendant que leurs maris était prisonniers. Les Anglais appuyaient Jean de Montfort, et les Français Charles de Blois; la querelle ne se termina que sous le règne de Charles V, le petit-fils de Philippe IV de Valois. La guerre entre Edouard III et Philippe IV recommence en 1346, quand Edouard III débarque en Normandie, s'empare d'un grand nombre de villes et vient même menacer Paris, puis il se met en retraite vers le nord. Philippe IV le suit de près, et le rencontre à quelques kilometres d'Abbeville, près du village de Crécy, qui a donné son nom à la bataille. L'armée Française y subit une défaite désastreuse. Edouard III continue sa marche vers le nord, et met le siège devant Calais. Calais se défend pendant onze mois. Le roi d'Angleterre s'établit devant la ville et se fortifie si bien que Philippe IV, venu avec une grande armée, n'ose l'attaquer. Les assiégés, se voyant réduits à la disette, se résignent à capituler. En 1348, un épouvantable fléau vint fondre sur la France: c'était la peste noire, qui enleva, dit-on, le tiers des habitants en Europe. Philippe IV de Valois établit le premier la Gabelle, impôt sur le sel, qui fut si lourd et si odieux aux population.
Philippe IV de Valois acquit du comte de Vienne le Dauphiné en 1349. Cette province devint le domaine du fils aîné du roi, qui porta dès lors le titre de Dauphin. Philippe IV de Valois mourut en 1350.